La Chronique de la Chieuse du mois – Lettre ouverte au RSA

Cher RSA,

Je te remercie de m’avoir accompagnée pour la première fois de ma vie durant une année… je te remercie encore plus de m’avoir fait découvrir les conséquences de ton utilisation, cela me permet aujourd’hui de dresser un bref bilan.

Le bilan est le suivant :

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J’ai dû faire face à une multitude de préjugés tous plus débiles les uns que les autres.

Par exemple j’ai le choix entre :
1 – Me sentir coupable car j’ai fait appel à tes services
2 – Être trop heureuse pour quelqu’un qui ne travaille pas

Dans le premier cas, non je ne me sens pas coupable quand je regarde mon CV bien garni qui me rappelle que j’ai moi aussi travaillé et payé des impôts pour bénéficier de toi. Je prends ta venue comme un juste retour, une bouée à laquelle je m’accroche pour reprendre mon souffle avant de reprendre la nage.
Selon les us et coutumes, je devrais me sentir réduite à néant… Je ne vaux plus rien, je suis une pestiférée comme si jouir de mes droits devenait quelque chose de grave. Un droit…oui tu es un droit, tout comme c’est un droit de multiplier les naissances afin de toucher l’équivalent d’un salaire de fonctionnaire sans chercher à changer de situation… c’est exactement la même chose, non ?

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Dans le second cas, désolée j’ai décidé de refuser le nœud coulant qu’on veut me mettre autour du cou et le martinet qu’on me tend. Une ambiance masochiste qu’il est préférable d’accepter en silence si je ne souhaite pas me faire jeter la pierre juste parce que j’essaye de garder espoir en mon avenir. C’est à croire que mon optimisme diminue le bonheur de certain… si c’est le cas, c’est quand même dommage de dépendre du malheur des autres pour se sentir bien.

Paradoxalement, durant cette période, il ne faut pas se plaindre, car la réponse est la même « mais tu n’as qu’à te trouver un taff ! » comme si c’est LA solution toute trouvée à un de mes rares coups de blues. En général, les coups de blues n’ont souvent aucun rapport avec le fait d’avoir ou non un travail, mais d’autres se chargent d’en faire un problème central dans ma vie.
Il s’agit en fait de la difficulté du chemin pour atteindre l’objectif fixé… et dans toute entreprise il y a toujours des moments difficiles. Alors quand quelqu’un trouve le courage de se remettre en question professionnellement, la solution n’est certainement pas de lui conseiller de retourner dans la merde qu’il ou elle a quittée.

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Pour beaucoup, le travail c’est le saint graal…méfiez-vous, si vous le perdez la vie risque de vous sembler insupportable au point de ne plus vouloir la vivre. L’augmentation des burn out et dépressions à la suite de la perte de son travail ne m’étonne donc plus.
Quand ce qui est l’unique centre d’intérêt de votre vie disparait, que reste t-il ? Vos anciens collègues : ceux qui vous racontaient toute leur vie, ceux là même qui prendront le soin de vous éviter vocalement en cas d’appel et physiquement en cas de rencontre ?
La plupart du temps, ce sont ces gens qui ne supportent plus leur lieu de travail mais restent parce que c’est « normal » d’y souffrir. Ce sont aussi les premiers à vous en vouloir d’avoir le courage de vouloir changer votre vie.
Multiplier des arrêts maladie au point de disparaitre pendant une année entière c’est sans doute plus louable que d’être au chômage.

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Dans mon cas, il s’agit d’une reconversion professionnelle, c’est donc un choix… mais ça aussi en général, la plupart des gens s’en fichent et veulent s’attribuer votre vie à coups de « mais il faut que tu trouves une solution », « mais ce n’est pas vivable », « mais tu ne t’ennuies pas trop ? », « mais tu n’as pas d’argent », « mais il faut que tu réussisses ton exam ab-so-lu-ment ! », « Tu retrouveras ton équilibre quand tu auras de nouveau un travail », «  Je ne t’ai pas proposé de venir, je me suis dis que tu ne pouvais pas ».
Alors imagine les réflexions quand je trouve le moyen de voyager avec mes petits moyens… L’explication est toute trouvée : c’est Monsieur CocoZabrico qui paye tout. Laisse-moi rire ! Tout à coup, je n’existe plus qu’à travers le prisme de mon couple. J’ai donc travaillé pendant toutes ces années et j’ai dépensé tous les mois la totalité de mon salaire apparemment… Je suis plutôt fourmi en zone stable et plutôt cigale en zone de turbulences. Et puis sinon, ma façon de gérer mon argent c’est un peu comme ma façon de me torcher le cul : ça me regarde.

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_ Alerte info pratique _

(instant durant lequel on peut boire un grand verre d’eau, reprendre son souffre, avant de reprendre la lecture.)

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 _ Fin de l’alerte info pratique _

Certains amis disparaissent ou deviennent maladroits « Je viens de payer mes impôts, je t’ai filé un coup de main » « Fais vite de te reconvertir parce que les femmes qui n’ont pas de taff deviennent vite ennuyeuses » « Attends, mais tu as une plus grosse voiture que la mienne alors que tu ne travaille pas ».
Et alors nous agissons tous de la façon suivante : on disparait en attendant de meilleurs jours. Eh bien moi je n’ai pas adhéré à ce principe et j’ai décidé d’exister malgré tout. Les voyages, la photographie, le bénévolat, le violon, les formations, l’écriture, la couture, la cuisine, la peinture, les randonnées : dès que je peux, je fais et quand je ne peux pas, je renonce un peu frustrée… mais je me rappelle immédiatement qu’à 2000€/mois je n’échappais pas pour autant à cette même frustration.
En voilà une qui s’ennuie graaaave ! En voilà une qui abuse des impôts payés par certains et accessoirement par elle-même durant les 10 dernières années ! Bref, en voilà une qui vous emmerde !

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Je ne prétends pas être un porte-parole mais, quand il y a deux jours une inconnue de 42 ans a fondu en larmes dans mes bras… il fallait que je dise un mot sur ce que tu entraînes dans la vie des personnes que tu croises.

J’ai vu la souffrance de cette femme qui cherche un emploi, mise en marge de la société en attendant qu’elle redevienne digne d’appartenir aux « Humains socialement fréquentables »… 10 minutes pour me dire à quel point elle ne le supporte plus… et ne se supporte plus elle même.

 

Bien à toi,

La Chieuse du mois d’Avril,

Reporter d’Investigation pour la CAF

 

Prochain article : CocoZabrico au Vietnam. Je publierai le mois prochain, ces temps ci j’ai d’autres chats à fouetter.

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3 réflexions sur “La Chronique de la Chieuse du mois – Lettre ouverte au RSA

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